Méchantes Blessures, Abd Al Malik

En ces mots simples et complexes à la fois, Abd Al Malik nous laisse arpenter ces lignes riches, en philosophie. Bien plus qu’un roman, Méchantes Blessures se dote d’identités multiples : essai philosophique, autobiographie, conte spirituel, et peut-être même, une part de fantastique : toute la magie de la littérature, celle de façonner les mots, et de fonder un récit qui crée une réalité, que nous ne connaissons pas encore, mais qui nous impactera. Car oui, cet ouvrage représente l’espoir, et la preuve ultime, que les mots contribuent encore, à changer le monde.

Dès les premières lignes, nous rencontrons la pensée de Kamil, jeune rappeur et auteur qui, sans attendre, nous fait réfléchir sur des questions multiples et primordiales : l’identité, l’universel, l’impact de la culture sur le monde ou encore, l’unicité. Alors, nous nous attachons, et Kamil se confie davantage. Des douleurs apparaissent dans son discours, des méchantes blessures se dévoilent. Et puis, soudain, plus rien : tragédie, sa mort nous frappe, mais étonnamment sans surprise. Kamil se relèvera t-il et comment? C’est un enjeu. Mais comment cet événement nous fera prendre conscience que les blessures des uns, sont celles des autres? C’est toute la question de l’ouvrage. 

“J’allais comprendre plus tard que ce qui était vrai pour un être était vrai pour une famille et pour un peuple tout entier.”

Un ouvrage qui nous livre à faire peuple. 

Ce roman, bien inscrit dans son époque nous ouvre la porte d’une réflexion nécessaire, pour saisir l’essence de notre monde. En ces temps si incertains, où la haine pleut, où les divisions se succèdent, où la violence s’agrémente de plus en plus fort, il devient urgent, de revenir à l’essentiel de nous-mêmes. 

Entre spiritualité, et valorisation de notre complexité, Méchantes Blessures marque la volonté de nous ré-unir, finalement, comme dans une pièce de théâtre, où l’art devient porteur, puis regardeur, de l’acte si fondamental de “faire peuple”.